Marc Large et Peio Serbielle ont au moins trois points
communs : le chanteur Renaud comme ami, un amour presque
mystique pour la nature et ses beautés, et l'art
pour exprimer leurs états d'âme et leurs
points de vue.
Le dessin et l'écriture en l'occurrence pour
Marc Large, illustrateur installé à Dax
;la musique et la poésie pour Peio Serbielle
qui oeuvre à Charitte de Bas au Pays basque,
depuis la fin de sa détention préventive
en février 2006. Incarcéré pendant
seize mois pour avoir hébergé des militants
d'ETA, le chanteur est toujours sous contrôle
judiciaire et le dossier à l'instruction.
C'est pendant qu'il était en prison que Marc
Large a entendu parler de lui par l'intermédiaire
de Renaud. Le dessinateur et le chanteur à succès
se sont rencontrés autour de la défense
de l'ours dans les Pyrénées. « Au
début des années 90, Renaud a découvert
qu'il avait de la famille en vallée d'Aspe, commente
Marc Large. J'étais fan de lui depuis longtemps.
Il m'a très vite parlé de Peio et de
sa situation ». Peio Serbielle a, de son côté,
rencontré Renaud il y a une quinzaine d'années
lors d'une émission de radio. Le chanteur a pris
part aux deux derniers opus de ses « potes »
du Sud : il a préfacé le roman de Marc
Large, « Xan de l'ours », qui reprend l'histoire
de l'homme sauvage né de l'union légendaire
entre une bergère et le plantigrade, et a chanté
dans « Kixmi », un des derniers titres de
Peio Serbielle, inspiré lui aussi d'une légende
basque (1).
Kakuetta.
De ces relations parallèles est née
une troisième amitié entre le Basque
de sang et « le Basque de coeur » comme
se définit Marc Large. « La prison
a représenté pour moi une cassure,commente
Peio Serbielle. Je ne perds plus de temps. Je vais
vers les gens et les choses qui avancent.
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Ce
que j'ai perçu chez Marc, c'est qu'il est
venu au Pays basque pour partager la parole. Il
se déchausse devant la terre et les gens
qui l'accueillent. C'est une démarche plutôt
rare aujourd'hui,à l'heure où l'on
a du mal à écouter et à accepter
l'autre dans sa différence ».
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Marc
Large a écrit son roman à Dax au son
d'« Egon », l'avant dernier CD de Peio
Serbielle. « J'aime la voix puissante de Peio.
C'est un vrai artiste avec lequel j'ai fait une émission
mémorable en hiver dans les gorges de Kakuetta
pour la chaîne de télévision Alegria.
Il a l'oreille musicale que je n'ai pas. |
Comme
lui, je me sens citoyen du monde. Je ne supporte pas
l'idée de frontière, de droit du sol. |
Par
contre, je suis très sensible à la culture.
Quand on réprime un Basque, je me sens basque.
Si c'est un Tibétain, je suis Tibétain
». Les deux amis mettront en commun leurs idéaux
et leurs dédicaces ce week-end à Dax
et le 24 mai à la librairie Tonnet à
Pau. |
Avec
le cameraman Patrice de Villemandy, ils travaillent
aussi à la réalisation d'un film présentant
des paysages basques et landais « époustouflants
» avec la musique de Peio Serbielle et de brefs
textes comme seules légendes. |