SUD-OUEST
24 avril 2008
SALON DU LIVRE DE DAX. Ce week-end, l'illustrateur et auteur landais Marc Large fera table commune
avec le poète et musicien basque Peio Serbielle. Dans le rôle du trait d'union, le chanteur Renaud
Quand Marc rencontre Peio

 

Marc Large et Peio Serbielle ont au moins trois points communs : le chanteur Renaud comme ami, un amour presque mystique pour la nature et ses beautés, et l'art pour exprimer leurs états d'âme et leurs points de vue.

Le dessin et l'écriture en l'occurrence pour Marc Large, illustrateur installé à Dax ;la musique et la poésie pour Peio Serbielle qui oeuvre à Charitte de Bas au Pays basque, depuis la fin de sa détention préventive en février 2006. Incarcéré pendant seize mois pour avoir hébergé des militants d'ETA, le chanteur est toujours sous contrôle judiciaire et le dossier à l'instruction.


C'est pendant qu'il était en prison que Marc Large a entendu parler de lui par l'intermédiaire de Renaud. Le dessinateur et le chanteur à succès se sont rencontrés autour de la défense de l'ours dans les Pyrénées. « Au début des années 90, Renaud a découvert qu'il avait de la famille en vallée d'Aspe, commente Marc Large. J'étais fan de lui depuis longtemps.

Il m'a très vite parlé de Peio et de sa situation ». Peio Serbielle a, de son côté, rencontré Renaud il y a une quinzaine d'années lors d'une émission de radio. Le chanteur a pris part aux deux derniers opus de ses « potes » du Sud : il a préfacé le roman de Marc Large, « Xan de l'ours », qui reprend l'histoire de l'homme sauvage né de l'union légendaire entre une bergère et le plantigrade, et a chanté dans « Kixmi », un des derniers titres de Peio Serbielle, inspiré lui aussi d'une légende basque (1).

Kakuetta. De ces relations parallèles est née une troisième amitié entre le Basque de sang et « le Basque de coeur » comme se définit Marc Large. « La prison a représenté pour moi une cassure,commente Peio Serbielle. Je ne perds plus de temps. Je vais vers les gens et les choses qui avancent.
Ce que j'ai perçu chez Marc, c'est qu'il est venu au Pays basque pour partager la parole. Il se déchausse devant la terre et les gens qui l'accueillent. C'est une démarche plutôt rare aujourd'hui,à l'heure où l'on a du mal à écouter et à accepter l'autre dans sa différence ».
Marc Large a écrit son roman à Dax au son d'« Egon », l'avant dernier CD de Peio Serbielle. « J'aime la voix puissante de Peio. C'est un vrai artiste avec lequel j'ai fait une émission mémorable en hiver dans les gorges de Kakuetta pour la chaîne de télévision Alegria. Il a l'oreille musicale que je n'ai pas.
Comme lui, je me sens citoyen du monde. Je ne supporte pas l'idée de frontière, de droit du sol.
Par contre, je suis très sensible à la culture. Quand on réprime un Basque, je me sens basque. Si c'est un Tibétain, je suis Tibétain ». Les deux amis mettront en commun leurs idéaux et leurs dédicaces ce week-end à Dax et le 24 mai à la librairie Tonnet à Pau.
Avec le cameraman Patrice de Villemandy, ils travaillent aussi à la réalisation d'un film présentant des paysages basques et landais « époustouflants » avec la musique de Peio Serbielle et de brefs textes comme seules légendes.

 

 

Emma Saint-Genez

 
(1) « Naiz » de Peio Serbielle, premier CD d'une trilogie,
 
« Xan de l'Ours » roman de Marc Large aux éditions Cairn.