Mikel Laboa
1er décembre 2008
Hommage.
Le père de la chanson basque n'est plus.
Il est des Artistes dont on ne sait que dire tellement ils sont hors-normes. Disciples de l'Ailleurs, ils nous convient avec élégance vers des espaces souvent difficiles d'accès.

J'ai souvenance de ce voyage vers l'Imaginaire proposé par cet immense Artiste, un soir, vers la fin des Années 70, à la Salle Lauga à Bayonne.

J'étais invité à une soirée mémorable. Mikel LABOA , mon ami de CUORE, se produisait en concert pour la présentation de son nouveau spectacle : "IKIMILIKILIKLIK".

Il utilisait pour décor des images diffusées en rétroprojection, quand, tout à trac, je l'entendis entamer sur sa guitare, le chapelet de ses accords dissonnants : Mi 7 - Mi b 7 - Fa 7 - Ré 7 - Réb7...

Mikel Laboa

 

Je reconnus là, l'incipit de la fameuse pièce "GERNIKA", ce chant d'horreur aux indigènes humiliés, morts un 27 avril de 1937, sans même avoir compris ce qu'il leur arrivait.


Ils rejoignaient ainsi tous les autres anonymes sur le terrain d'essai IN VIVO de la prochaine conflagration cosmique où la Société des Nations, embryon de l'actuelle Organisation des Nations Unies, pointerait, une fois encore, aux abonnés absents.

Et toujours ces accords dissonnants que Mikel égrenait, arpégeait, là, devant nous, avec ces cris de douleur dans ce ciel d'indifférence, d'appel à l'aide, d'invocation, de prière au silence prononcés en vain.
Alors qu'ils étaient déjà là, au-dessus de nos têtes. Ronflant. Vrombissant. Terrifiants, ces oiseaux de feu libérant leurs chaînes de bombes, "Kate Hotsak".
Et Mikel qui chantait... Tel ce prophète, cet haruspice, ce rhabdomancien des Temps Modernes.
Il lisait déjà dans les nuages, l'avènement de la frustation future, rebaptisée pour lors : "ORDRE... NOUVEAU".

 

 

A bientôt, Mikel, Merci pour tout ce que tu nous as donné, et Bonne Route parmi les Sages...

 
Peio Serbielle, le 1er décembre 2008